Running : tous accros... En réalité, pourquoi courrons-nous ?
Jul 22, 20La course à pied c’est parfois douloureux, cela peut être contraignant, c’est intransigeant… et pourtant les coureurs y reviennent !
Ils retournent à l'entraînement malgré tout. Et volontairement qui plus est !
C’est étrange, tout de même, cette dépendance qu’ont les coureurs à leur sport.
Rien d’étonnant que les non coureurs se demandent :
« Pourquoi ? ».
« Pourquoi avez-vous commencé à courir ? »,
« Pourquoi courez-vous autant ? »,
« Pourquoi continuez-vous à courir, même si cela fait mal ? »...
Du coup, nous avons eu envie de s’intéresser de plus près à cette motivation si particulière, qu’est ce qui fait courir le runner?
Expériences personnelles
Quand j’ai demandé à mon cercle d’amis coureurs, tous me répondaient des raisons différentes. « Pour me dépenser, pour me défouler », « C’est un moyen de rencontrer du monde et de découvrir des endroits », « J’aime bien l’esprit de compétition de la course à pied, ça me permet de me surpasser », « C’est une bonne drogue selon moi, il n’y a pas meilleur effort que la course à pied pour se sentir bien après ».
En interrogeant quelques dizaines de personnes, j’ai quand même vu des motivations communes ressortir : l’aspect social, la satisfaction personnelle, le dépassement de soi…
Et puis, en faisant des recherches, j’ai trouvé une étude intéressante réalisée par Strava -un réseau social de sport- qui a été faite auprès de 25000 coureurs. Cette dernière visait à comprendre les raisons qui les ont poussés à débuter la course à pied, puis à continuer.
Pourquoi commence-t-on à courir ?
Cette étude démontre bien que chacun de nous débute la course à pied pour des raisons différentes, mais que bien souvent, en raison de leurs similitudes, la plupart de ces motivations peuvent être regroupées en grandes « catégories ».
Ces dernières correspondent en fait à des besoins fondamentaux que les coureurs doivent satisfaire pour se sentir épanouis. Ainsi, ces besoins seraient :
La santé
40% des runners interrogés dans cette étude disent courir pour améliorer et maintenir leur santé physique.
61% d’entre eux courent pour améliorer et maintenir leur santé psychologique.
La santé – physique et psychologique- serait la première motivation des coureurs à travers le monde. Le terme « santé » est lié à une stabilité psychique et physique et plus largement à un certain bien-être. Courir permettrait d’atteindre cela sur plusieurs points :
Stabilité psychologique : Cette activité serait un moyen d’entretenir son sentiment d’identité – la course à pied fait partie du quotidien des coureurs et d’eux-mêmes et donc courir est un moyen de se retrouver. C’est également un moyen de « faire face » aux épreuves de la vie et à l’adversité : courir permet d’évacuer les émotions et de les contrôler, voire même de combattre les angoisses. Cela permet de réduire l’anxiété liée aux problèmes quotidien.
Ça ne vous est jamais arrivé vous, d’être stressé par quelque chose qui s’est passé la journée au travail, de ne pas réussir à résoudre ses problèmes, puis de partir courir en soirée pour tenter de se « vider la tête » ?
En revenant chez vous, vous avez presque l’impression d’avoir résolu une grande partie de vos soucis. Ça n’a pris qu’une petite heure, alors que vous planchiez toute la journée dessus !
Autre élément important : la course devient addictive, car peu à peu, en pratiquant, le coureur secrète une hormone - l’endorphine- qui est l’hormone du plaisir. Cette dernière fonctionne un peu comme une drogue, car le cerveau du runner se souvient de l’existence de ce « pic de bien-être » lors de la course et il en redemande ! Le coureur ressent donc le besoin de retourner courir pour bénéficier de son « shot » d’endorphine et ainsi atteindre ce bien-être indescriptible… jusqu’à la prochaine sortie.
Stabilité physique : Alors bien-sûr, parfois la course à pied entraîne des blessures. Mais elle permet aussi, dans de nombreux cas, de se maintenir en forme et de soulager des problèmes de santé. En bougeant, on active nos muscles, nos tendons et nos fascias, ce qui les rend plus mobiles. Cela permet très souvent de réduire des douleurs musculaires et osseuses. De plus, une pratique sportive régulière habitue le cœur à l’effort et cela est un bon moyen de diminuer le risque de problèmes cardio-vasculaires.
Stabilité physique et psychologique : De nos jours, on associe souvent le sport à l’image corporelle. Nombreux sont ceux qui commencent à courir pour améliorer la vision qu’ils portent sur leur corps. Cette image du corps est également liée au bien-être psychologique, car lorsque l’on se sent bien dans son corps, notre moral s’en trouve renforcé. Alors, si la course permet d’être bien dans ses baskets (c’est le cas de le dire !), on comprend mieux pourquoi on pratique ce sport !
Le contrôle et l’autonomie
29% des coureurs interrogés disent pratiquer le running pour garder un contrôle sur leur vie et avoir le sentiment d’être autonomes et maîtres de leurs choix.
C’est vrai, quand on court plusieurs fois par semaine, notre vie est un peu rythmée par nos entraînements. Cette sorte de routine choisie et désirée est très appréciée par les coureurs. Courir est également un moyen de se sentir en contrôle : déjà, contrairement à beaucoup de nos actions, on choisit de courir, on n’y est pas obligés. Ensuite, on peut planifier soi-même ses entraînements et ses compétitions, mettre en place son programme d'entraînement… Réaliser cela c’est se rendre compte que, en courant, on est libres de nos décisions et de nos choix. Et ce sentiment, quand on travaille ou tout simplement qu’on vit en société, est très rare.
Le lien social et le sentiment d’appartenance
34% des coureurs interrogés ont déclaré que le lien social permis par la course était l’une des raisons qui les motivait dans leur pratique.
Le sentiment d’appartenance à un groupe est très important pour les runners.
La course à pied, pratiquée par de nombreuses personnes, est un véritable vecteur de regroupement social et c’est aussi pour cela qu’on aime tant ce sport ! Elle est non seulement à l’origine de la formation de nombreuses communautés -clubs et associations, groupes de coureurs officieux… - mais elle permet également de maintenir des relations avec des amis, des proches pendant de longues années.
Parce que d’accord, la course est un sport individuel, mais c’est aussi collectif sans en avoir l’air !
On n’aime pas forcément courir tout le temps seul donc on s’inscrit en clubs, on donne rendez-vous à des amis, des collègues…
On bavarde en s’entraînant, on souffre ensemble et puis rapidement on crée des liens sans s’en rendre compte. Puis on revient à l’entrainement avec encore plus d’entrain, parce qu’on a envie de voir nos amis, mais aussi parce que, mine de rien, même si on n’a pas envie de sortir ce soir sous la pluie, on a fixé un rendez-vous avec eux. Et ce rendez-vous est une forme d’engagement, qui nous empêche de nous dérober au dernier moment.
Cet effet de groupe est un réel élément de motivation et c’est ce qui fait que beaucoup continuent de courir.
La réalisation de soi et le développement personnel
36% des coureurs interrogés affirment qu’ils courent pour leur développement personnel et pour « se réaliser ».
Les coureurs ont la sensation de se développer en tant que personne et de surmonter des difficultés grâce à la course. Beaucoup, voient ce sport comme un moyen de devenir le meilleur de soi-même. Lorsqu’on revient de l’entrainement, on a un sentiment de satisfaction personnelle. Pas forcément lié à notre performance, mais surtout au fait que l’on a réussi mentalement : on a fait cet entrainement, on n’a pas lâché, même si c’était dur. Finalement, en courant, on se forme un mental d’acier et on renforce notre persévérance, ce qui peut être très utile dans la vie de tous les jours !
Au-delà des bénéfices sur notre esprit, la course nous apporte un sentiment de satisfaction personnelle. Après un entrainement difficile, on se dit que finalement, on peut être satisfait, voire fier de ce que l’on a fait. Et ce ressenti provoque un bien-être singulier.
Pourquoi continue-t-on de courir ?
Toutes ces raisons sont celles qui ressortent le plus. Néanmoins, les motivations évoluent souvent après un certain moment de pratique. Les besoins de lien social et de réalisation de soi arrivent souvent plus tard, après une pratique liée à une volonté d’améliorer sa santé. Après quelques mois ou quelques années de pratique, il a été observé de nouveaux facteurs de motivation :
Fixation d’objectifs : l’une des motivations principales est la fixation d’objectifs. Le fait d’avoir un plan d'entraînement ou simplement l’inscription à une course sont des éléments de motivation pour les coureurs. On veut réussir cette course prévue dans 3 mois, donc on retourne à l'entraînement chaque jour avec hargne, jusqu’au jour J. Puis, on se fixe un nouvel objectif !
Habitude : au bout d’un certain temps, on chausse ses baskets par habitude, tous les jours, ou 4, 2 fois par semaine. Cela est ancré dans nos habitudes et c’est ce qui nous pousse à aller courir.
Culpabilité : Dernier élément de motivation, la culpabilité. En France, près d’1 coureur sur 5 retourne courir assidûment car il se sent coupable (de ne pas avoir bougé assez, ou d’avoir trop mangé par exemple). Donnée assez étonnante : cette culpabilité est culturelle, car elle a été nettement moins observée dans d’autres pays du monde tel le Brésil.
En bref, on court pour des milliers de raisons, mais surtout pour se sentir bien.
Et chacun de nous sait mieux que quiconque ce qui lui procure un bien-être.
Si courir nous fait du bien, eh bien qu’attendons-nous ?
Parce que si la course a bien un avantage, c’est que dans les pays occidentaux, c’est très simple de la mettre en œuvre : pas d’infrastructure, pas de gros budget nécessaire, pas d’organisation particulière… Presque aucune barrière, finalement, à part notre propre mental ! ;)
Alors, si toi tu as un coup de blues… chausse tes baskets, mets ton plus beau t-shirt et pars courir ! Et puis, si tu as envie de nous parler de tes motivations de sportif.ve, c'est aussi le bon moment. On adore ça !
Charlotte Roy, étudiante en textile sportif,
Sportive tout le temps (et cet été pour youmiwi ;-)
Merci à Fred Dormoy pour le partage de la photo