Tissu, maille, jersey… comment s’y retrouver ?
Nov 27, 20Nous, dans la famille, on aime les bons basiques.
Les choses qui font le taf.
La petite robe noire, le pain au levain, l’huile d’olive première pression à froid, les œufs du jardin, le levis 501, la chemise blanche, le petit cachemire, le bon sweat, l’écharpe toute saison et multifonctions, le pique-nique familial, la sortie en forêt…
Quand les choses ne sont pas assez claires, quand j’ai des doutes, je reviens toujours aux bases.
Et ça marche !
Parfois pour des choses tout à fait futiles, parfois pour des choses vraiment déterminantes. Je ne sais pas comment m'habiller, hop la petite robe noire sera toujours de bon goût. Le moral à plat, ras la casquette de ce confinement et hop un pique-nique dans le bois redonne le feu.
Bref, revenir aux bases, c’est revenir à l'essentiel. Pour avancer.
Et s’il y a bien un secteur confus, peu clair, où on raconte tout et son contraire, c’est celui du textile.
Quand je parle de Youmiwi, vous me posez toujours un tas de questions sur la production. J’y réponds. Cela m'enthousiasme toujours. Certaines questions reviennent systématiquement.
Ce sont là des sujets à éclaircir en … reprenant les bases.
Les semaines précédentes, je vous ai déjà parlé de quelques fondamentaux dans les matières textiles :
le coton conventionnel, c’est quoi ?
les fibres synthétiques, c’est quoi ?
les fibres naturelles, c’est quoi ?
le chanvre versus le cannabis ?
Aujourd'hui, je vous propose de vous parler des étoffes.
Non pas de la matière première utilisée (fibre naturelle ou fibre synthétique) mais du type d’étoffe fabriqué, que nous appelons, de manière globale, le TISSU.
Commençons par le “tissu”
Souvent ce qu’on entend nous fait penser qu’on comprend.
Dans notre cas précis, nous imaginons bien que le mot tissu doit être proche du mot tisser, et donc probablement : “fait au métier à tisser”.
Ce qui est juste. Mais pas tout à fait.
C’est le sens historique.
Le mot a évolué avec le temps et les développements technologiques. Aujourd’hui, il ne se limite plus au seul textile fait au métier à tisser. Il aboutit même à des expressions contradictoires “les tissus non tissés”.
Ouille ouille
C’est le moment de reprendre mon Petit Robert.
Tissu : nm Surface souple et résistante constituée par un assemblage régulier de fils textiles entrelacés SOIT tissés (tissage) SOIT maillés (maille, tricot).
Et voilà, d’emblée, on comprend qu’il y a deux grandes familles de tissus :
-
Le tissé, appelé aussi le chaîne et trame
-
Le tricot ou la maille
Je vais être franche avec vous, quasi tous les spécialistes du secteur, du filateur au tricoteur en passant par le teinturier et les confectionneurs, réservent le mot tissu aux étoffes tissées et le mot tricot aux étoffes tricotées. Honnêtement, c’est beaucoup plus clair. J’ai pris cette habitude-là aussi.
Dans le domaine des étoffes (ou des tissus dans son acception moderne élargie), vous avez donc :
Les étoffes tissées ou le chaîne et trame (ou le tissé)
La technique du tissage permet de réaliser les étoffes tissées. Concrètement c’est un entrecroisement perpendiculaire de fils verticaux appelés fils de chaîne avec des fils horizontaux appelés fils de trame.
Pour rendre immédiatement perceptible la notion de fil de chaîne et de trame, j’aime bien donner l’exemple de nos jeans en denim. Oui, on le voit bien le tissage fabriqué à partir de fils de chaîne teints en bleu et de fils trame, de coton écru ou blanc.
Le résultat de l’entrecroisement des fils de chaîne et trame porte le très majestueux nom d”armure”.
Il existe des dizaines d'armures.
Quelques exemples : la toile, le sergé, le denim, la flanelle, le satin, …
En pratique : le tissé c'est la matière des pantalons, des chemises, des jeans .....
Les étoffes tricotées ( le tricot )
Cette fois, la matière n’est pas constituée de fils de chaîne et de fils de trame qui sont entrecroisés mais est tricotée. Avec des aiguilles et du fil on réalise des boucles de fil que l’on appelle maille. Ces mailles reliées les unes aux autres vont former une étoffe, appelée tricot.
Le résultat de l’entrelacement des mailles porte le nom assez intuitif de liage (l’équivalent de l”armure” pour les étoffes tissées).
Il existe des dizaines de liages.
Quelques exemples : le jersey, la côte, l’interlock, …
En pratique : le tricot c'est la matière des t-shirts, des pulls, des culottes, des chaussettes...
Un des atouts du tricot : il est extensible. Et, ce, sans lycra ! Même si aujourd'hui on trouve beaucoup de tricot avec du lycra.
Nous mettrons ici l’accent sur une famille de tricot : le jersey. Logique, c'est l'étoffe phare de Youmiwi.
Quand on parle de jersey, les choses de nouveau ne sont pas simples… Parce qu’il y a un sens technique et un usage commun du mot.
Le sens purement technique : on appelle jersey les étoffes tricotées au point jersey.
Le sens commun : on utilise le terme jersey pour parler des étoffes tricotées avec des fils fins (pas nécessairement au point de jersey). Voilà c’est dit. Soyez vigilant. Mais surtout ne vous faites pas avoir. Le terme jersey n’a rien à voir avec la matière première. Il existe bel et bien des jerseys de coton, de lin, de chanvre, de viscose, … de toute matière qui peut être transformée en fil pour être tricotée ... plus ou moins facilement ;-)
Le jersey est donc une étoffe tricotée, lisse ou plat si vous préférez (contrairement aux côtes)
Pour vous permettre de visualiser simplement : prenez votre “bête” t-shirt.
Le corps du t-shirt est généralement plat et le col a très souvent un aspect côtelé.
Le corps du t-shirt est un tricot jersey et le col un tricot côtes .
Qu’en est-il des étoffes de Youmiwi ?
Pour ses t-shirts de sport, Youmiwi a voulu un fin jersey.
Une matière souple, respirante, légèrement élastique.
100 % en fibres naturelles : 100 % chanvre
C’est un jersey classique tricoté au point jersey avec un seul fil fin.
Le corps du vêtement et le col, tout est en jersey.
Notre jersey est tricoté en France. Un exploit. Un choix. Une volonté entrepreneuriale mais aussi un terrible défi. La plupart des t-shirts, vous le savez bien, sont tricotés en Chine, au Bangladesh ou en Inde ou encore au Pakistan. Mais je crois en la nécessité de re-développer des savoir-faire locaux, en France et en Belgique aussi. Nous y arrivons lentement avec beaucoup de volonté et de patience. Nous sommes très fiers de ce choix et de nos partenaires.
Pour ceux qui voudraient prolonger cette lecture par davantage de détails techniques sur les points et les tissus, consultez le site de petit citron, il est passionnant. Celui de mars-elle est assez complet aussi. Pour ma part, le guide pratique des textiles de Daniel Weidmann est devenu une référence.