Et si on lavait 4 fois MOINS nos vêtements de sport ?

Nov 05, 20
Bon, j’ai une confession à vous faire, cela fait 4 séances de running que je porte le même t-shirt de sport. Sans le laver.

Vous allez vite comprendre pourquoi c’est vraiment surprenant.

Mon homme me surnomme “ma lavandière préférée”. 

C’est dire si j’aime cela.  Oui j’ai une vraie passion pour le linge qui sent bon le frais

C’est un de mes kifs perso. 

Ce linge qui sent les nuages. 

Laver, étendre le linge, dormir dans des draps frais, reconnaître l'odeur du linge familial, sentir le linge de mes enfants, savoir qu’ils aiment cela aussi... Je dis : Yes. 

Ok, je sais, je suis parfois un peu obsessionnelle. 

Pour le coup, je suis loin d’être la seule. 

Non, détrompez-vous, ce n’est pas un trip spécifiquement féminin. Aurélie, une copine de course à pied, me dit souvent : “Mon homme, il est exactement comme toi. La buanderie, c’est son havre de paix et son espace réservé.” Vous y croyez, vous ? Moi, oui, évidemment. Et selon elle, c’est une histoire familiale. Un éternel sujet d'échanges, quasi passionnés, avec sa maman. Philippe, le mari de Aurélie, a 51 ans. La maman de Philippe 78 .. 

 

Vous imaginez le paquet d’amour, de confiance, de respect, de rêve qui se transmet dans ce linge propre ?

 

Ah, ses croyances devenues des habitudes familiales !

 

Pas facile de se détacher de ses croyances et habitudes familiales transmises de génération en génération.

Les grands lessiviers type Unilever ou Procter & Gamble n’y sont pas pour rien. À grands coups de publicités, nous, notre maman et nos mamies, avons baignés dans ces images de famille parfaite. Parfaitement heureuse. 

Ben oui, dans les familles parfaites, le bébé, les enfants, le mari, le frère font de belles taches. Et heureusement, dans les familles parfaites on sait, aussi, laver le linge.

Regardez cette perle (sexiste à souhait) pour OMO en 1981. “Ça vous change un homme du beau linge comme ça ! “

Alors, nous lavons.

En quête de bonheur familial. On lave. 

On lave avec ou sans taches. Sale ou pas. On lave.

 

Les habitudes de nettoyage ont la vie dure

 

Nos habitudes de lavage n’ont quasiment pas changé depuis le développement de l’utilisation des machines à laver électriques. Depuis les années 50, donc.

 

Selon une étude internationale menée par Ipsos MORI pour AEG : 70% des consommateurs héritent leurs habitudes d’entretien des vêtements directement de leurs parents. (1) Un tiers des personnes expliquent qu’elles n’ont jamais changé leurs habitudes pour prendre soin de leurs vêtements.

 

Mais, c’est quoi ces mauvaises habitudes transmises de génération en génération ?

 

Nous nettoyons trop fréquemment, 

à une température plus élevée que nécessaire,

du linge pas vraiment sale

en ajoutant plus de détergent qu’il n’en faut.

 

BAM. 

 

L’impact sur l’environnement est colossal.

 

On le sait l’industrie textile est l’un des plus grands pollueurs de la planète

Pour parler de l’impact environnemental catastrophique de cette industrie, on pointe généralement du doigt, à juste titre :

  • la production des matières premières;
  • la transformation et la fabrication des vêtements;
  • l’acheminement des vêtements.

 

Classique.

Or, pour calculer le coût écologique réel d’un textile, on oublie souvent notre propre utilisation. Nos lavages répétitifs avec des produits toujours toxiques pour l’environnement. 

Sans oublier que le port de matières synthétiques particulièrement nocives a explosé ces dernières années et accentue notre rôle d’acteur de la pollution.

C’est particulièrement vrai dans le domaine du textile sportif, je vous en parlais précédemment. “Généralement, après chaque usage, chaque bonne suée, nous mettons nos fringues de sport à la machine. Et c’est là que les choses se corsent. À chaque lavage, des milliers de micro-particules sont déversées dans les canalisations et finissent dans… l’océan.”

 

Laver après chaque utilisation

Les lessiviers ont convaincu les consommateurs qu’ils devaient fréquemment laver leurs vêtements pour qu’ils soient beaux et propres. Pour être honnête, c’est barbant, polluant, en plus cela nous coûte cher.

 

Alors, est-ce vraiment nécessaire ?

 

Revenons aux basiques

 

Votre sueur n’est pas sale, non. Elle ne sent d’ailleurs pas. Le problème vient de la matière que vous portez et qui emprisonne ou pas “ les déchets bactériens et acides issus de notre transpiration. Ces bactéries qui sont  précisément responsables des mauvaises odeurs. 

 

Vous portez des vêtements synthétiques? Vous devrez les laver super régulièrement.

 

Vous portez des vêtements en fibre naturelle? Vous pourrez espacer les lavages.

 

Des pionniers du côté des marques

 

Quelques entrepreneurs ont bien compris qu’il y avait là un défi : proposer des “vêtements à ne presque pas laver”.

 

Super pratique pour les voyageurs, les randonneurs, les sportifs ou encore les working boys and girls qui changent de chemises tous les jours. 

 

Comme souvent sur la route de l’écoreponsbailité naturelle, on retrouve en tête de file Patagonia et Icebreaker, des pros du mérino. Quelques startups sont apparues récemment :

Wool & Prince dont le fondateur, Mac Bishop, un ancien d’Unilever (tiens, tiens)  a lancé une ligne de chemises et t-shirts principalement en merino ou en mélange merino et nylon. Il le dit : “Il est important de comprendre ce qui rend les vêtements sales en premier lieu. La sueur elle-même est propre. C’est quand elle est absorbée par le vêtement qu’elle commence à attirer les bactéries et à sentir mauvais.” Il y va très fort, il propose des vêtements qu'on peut porter 100 jours consécutifs sans les laver.

 

Woolly, souvent classé dans le bas de gamme. Ne l’ayant pas essayé, je ne me permettrais pas de juger … Bon prix pour du merino. 49 $ pour un manche courte.

 

Unbound Merino, une jeune société canadienne qui, après des années de recherche, a lancé des vêtements en merino pour se sentir bien tous les jours ou en voyage. Là, le manche courte est à 61 $.

 

Outlier dont le t-shirt manche courte en merino ultrafin vous coûtera 120 $.

 

Pour changer du merino, il y a aussi le chanvre. La raison d’être de Youmiwi, c’est aussi le ras le bol de porter des vêtements de sport qui puent et ne sont pas du tout éco-responsables.

 

Quand je vous encourage à moins laver votre linge, non, je ne vous demande pas d’être moins hygiénique, mais de mieux consommer. 

 

Tout comme Benoît César vous disait de ne vous entraîner que lorsque vous le sentez. Lavez votre linge que lorsqu’il est vraiment sale. 

 

Ou alors, habillez-vous avec des matières naturelles qui vous permettent de beaucoup moins laver. 😊

 

 

  • (1) Consumer laundry habits, Ipsos MORI 2016